Les dessous du rejet en Bourse des valeurs bancaires françaises

Rien à faire. Les banques françaises ont beau clamer leur solidité face à la dette grecque, car faiblement exposées, leurs valeurs s’effondrent jour après jour en bourse. De quels arguments se prévalent les investisseurs pour plomber ces établissements ?

Tandis que la séance du lundi 12 septembre se clôturait sur les plus bas niveaux historiques jamais atteints par les valeurs bancaires françaises, BNP Paribas ayant perdu 12,35 %, le Crédit agricole 10,64 % et la Société générale 10,75 %, leur chute reprenait sa course le mardi matin. Les investisseurs ont manifestement peur des établissements financiers français. A la source de ce rejet, on découvre les expositions des banques françaises à la dette souveraine des pays européens à risques, les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne). Alors qu’ils passaient pour des actifs sûrs, les obligations de certains États sont finalement des boîtes vides comme pouvaient l’être les subprimes dénoncées en 2008. Il est aujourd’hui reconnu que la Grèce a longtemps maquillé ses comptes, émettant des valeurs « toxiques ».

La défaillance de la Grèce envisagée

Considérant les derniers résultats économiques de la Grèce, les autorités sont de plus en plus nombreuses à admettre que la dette souveraine du pays est hors de contrôle. Ni le FMI, ni l’Union européenne n’exclut l’hypothèse d’un défaut de paiement du pays.

Du côté des Français, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, rabâche aux micros de toutes les grandes ondes que les banques françaises ont suffisamment de provisions pour couvrir une éventuelle défaillance de la Grèce. Seul le Crédit Agricole est réellement menacé par le défaut de la Grèce car l’enseigne dispose localement d’une filiale, Emporiki, acquise en 2006, qui lui fait courir un risque évalué fin mars à 631 millions d’euros et l’engage dans le secteur privé grec. Pour BNP Paribas, son porte-parole est spécialement intervenu pour annoncer ses chiffres : 7,4 milliards de bénéfice sur le seul premier semestre 2011, contre une exposition à la dette souveraine grecque de seulement 3,5 milliards d’euros. Quant à la Société générale, son risque n’excède pas 41 millions d’euros. Ces annonces, pourtant claires, jouant le jeu de la transparence, se sont avérées insuffisantes à redresser les cours de bourse qui persistent dans une chute devenue irrationnelle.

La perspective d’une contagion hante les marchés

Il n’est pas dans la nature des investisseurs d’être irrationnel. Cette défiance à l’encontre des valeurs bancaires françaises est justifiée par la probabilité que d’autres États européens suivent l’exemple de la Grèce si jamais son défaut de paiement était officialisé. Dans cette perspective, les portefeuilles contenant des obligations portugaises, irlandaises, espagnoles ou italiennes seront cédés. La chute de leur valeur, en particulier des titres italiens, affectera lourdement les banques françaises. Les stress-tests de l’European Banking Authority ont révélé que le Crédit agricole, BNP Paribas, la Société générale et le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE) totalisent dans leur bilan 41,1 milliards d’euros de dette italienne… On peut citer l’exemple de BNP Paribas, dont le risque qu’elle supporte à elle seule à l’égard de la dette italienne était estimé en décembre 2010 à 24,1 milliards…

S’il ne s’agit que d’un futur encore hypothétique, il rend déjà les marchés financiers extrêmement nerveux. Plus on s’avance vers la défaillance de la Grèce, plus l’hypothèse d’une défaillance généralisée gagne du terrain. L’incertitude consume tout le système financier européen, au point que les banques européennes deviennent elles-mêmes réticentes à se prêter entre elles, et c’est la banque centrale qui pourvoit à leur financement.

Le débat sur la recapitalisation des banques

Les analystes se déchirent actuellement sur l’opportunité d’exiger ou non des banques européennes qu’elles renforcent leurs fonds propres. Deux camps s’opposent.

D’un côté, les investisseurs anglo-saxons qui considèrent qu’une recapitalisation urgente des banques européennes est nécessaire pour restaurer la confiance. Christine Lagarde, en qualité de directrice générale du FMI défend cette position et un projet de rapport sur la stabilité financière émanant de ses bureaux, indiscrètement divulgué dans la presse, chiffrait à 200 milliards d’euros ce besoin de recapitalisation.

De l’autre, les Européens qui contestent un quelconque besoin de recapitalisation des établissements financiers qui ont réussi les stress-tests de cet été. Selon Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de haute finance à l’Institut français de gestion, « Aujourd’hui, les Européens veulent à tout prix éviter d’éventuelles recapitalisations, car ils ne veulent pas être obligés d’aller sur un marché qui serait hyperdéfavorable ».

L’obstacle majeur réside dans la façon de comptabiliser les obligations européennes dans le bilan des banques. Tandis que les anglo-saxons retiennent la valeur de marché des titres, les autorités européennes préfèrent la valeur faciale des obligations, au motif que le titre est en principe conservé jusqu’à son terme (2, 5, 10, 20 ans), ce qui supposerait qu’aucun pays ne fasse défaut. Mais, trop tard, les européens ont déjà croqué dans la pomme en concédant un défaut partiel. En effet, la demande faite aux banques européennes d’accepter une perte de 21 % sur la dette d’Athènes, conformément au plan de sauvetage du 21 juillet, entame le scénario de la défaillance de l’État.

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